Une tradition musicale unique et vivante
La musique en Bretagne est bien plus qu’un simple art sonore – c’est l’âme vibrante d’une culture millénaire.
Et, ce témoignage vivant de l’identité bretonne a su traverser les siècles tout en se renouvelant constamment.
Du chant a cappella aux mélodies entraînantes accompagnées d’instruments traditionnels, la musique bretonne révèle une richesse et une diversité extraordinaires, profondément enracinées dans l’histoire et les traditions de cette région aux influences celtiques prononcées.
“La musique bretonne joue un rôle essentiel dans la préservation de la culture bretonne.
Elle est un moyen de transmettre les traditions et les valeurs de la Bretagne aux générations futures.”
Découvrez les multiples facettes de cette tradition musicale, ses instruments emblématiques, ses artistes légendaires et contemporains, ainsi que les nombreux événements qui font vibrer la Bretagne tout au long de l’année.
Histoire de la musique bretonne
Origines & Moyen Âge
Les racines de la musique bretonne remontent aux influences celtiques, avec des complaintes comme la gwerz Skolvan. Les textes médiévaux évoquent l’existence de musiciens et bardes à la cour du légendaire roi Gradlon, pratiquant la cithara, la lyra, la tybia et le tympana.
Duché de Bretagne
Avec le duc Jean IV, la musique prend une forme affirmée d’identité qui devait préserver l’indépendance culturelle bretonne. La harpe (telenn en breton) était particulièrement pratiquée à la cour des ducs jusqu’à la fin de l’indépendance au XVe siècle.
XIXe siècle – L’âge d’or
La Révolution améliore les conditions de vie et permet l’avènement des arts populaires. Le chemin de fer transforme la Bretagne, tandis que les intellectuels commencent à répertorier un patrimoine qui s’estompait. Joseph Mahé (1825), puis Théodore Hersart de La Villemarqué (Barzaz Breiz, 1839) publient leurs collectages. Les sonneurs participent aux fêtes publiques et les premières fêtes folkloriques apparaissent.
Déclin et renaissance (1900-1950)
Arrivée à son apogée, la musique bretonne décline après la Première Guerre mondiale. La société bretonne, désorganisée, abandonne progressivement sa culture. Le mouvement d’artistes Seiz Breur incitera au renouvellement de l’expression artistique bretonne.
Renaissance (1950 à aujourd’hui)
Dans les années 1950, un véritable renouveau se produit : création des premiers festoù-noz en salles par Loeiz Ropars (1954), fondation de la BAS (Bodadeg ar Sonerion), développement des bagadoù… À partir de 1965, Alan Stivell devient le pionnier d’une scène musicale ouvertement bretonne, souvent militante, qui actualise les thèmes anciens avec des sonorités modernes.
Les instruments traditionnels
Les instruments traditionnels jouent un rôle essentiel dans la musique bretonne. Chacun contribue à créer une ambiance unique et à donner vie aux mélodies bretonnes avec leurs sonorités caractéristiques.
La bombarde
Sorte de hautbois en bois, la bombarde est l’un des instruments les plus emblématiques de la musique bretonne. Son son puissant et pénétrant en fait un instrument de prédilection pour les fêtes et rassemblements. Elle est traditionnellement jouée en couple avec le biniou kozh.
Le biniou kozh
Le biniou kozh (vieille cornemuse) est une petite cornemuse bretonne traditionnelle. Avec son bourdon posé sur l’épaule, il accompagne souvent la bombarde dans le traditionnel “couple de sonneurs”, créant une mélodie puissante et envoûtante.
La harpe celtique
Réintroduite en Bretagne par Georges Cochevelou et popularisée par son fils Alan Stivell, la harpe celtique (telenn) est devenue un symbole fort de la musique bretonne moderne et de la renaissance culturelle bretonne.
La cornemuse écossaise
Introduite après la Seconde Guerre mondiale, la cornemuse écossaise (Great Highland Bagpipe ou biniou bras) est devenue un élément central des bagadoù, ces ensembles musicaux bretons inspirés des pipe bands écossais.
Autres instruments traditionnels
La musique bretonne s’est enrichie de nombreux autres instruments au fil du temps :
- Violon
- Accordéon diatonique
- Clarinette (treujenn gaol)
- Veuze (cornemuse du pays nantais)
- Vielle à roue
Instruments modernes
La musique bretonne contemporaine intègre également des instruments modernes :
- Guitare acoustique et électrique
- Basse
- Flûte traversière en bois
- Bouzouki irlandais
- Synthétiseurs et instruments électroniques
Les styles de chant breton
Kan ha diskan
Le kan ha diskan (« chant et déchant ») est un style de chant à répondre pratiqué en Centre-Bretagne. Deux chanteurs se relaient : le premier (kaner) lance la phrase musicale, le second (diskaner) la reprend partiellement, puis les deux voix se chevauchent.
Cette technique vocale sert traditionnellement à faire danser lors des fest-noz, avec des rythmes et des structures adaptés aux danses bretonnes comme la gavotte, le plinn ou la fisel.
Gwerz
La gwerz (pluriel : gwerzioù) est une complainte narrative qui raconte des événements tragiques, des légendes ou des faits historiques. Ces chants longs et mélancoliques se caractérisent par leur tonalité mineure et leur capacité à transmettre la mémoire collective bretonne à travers les siècles.
Interprétée a cappella, la gwerz peut dater de plusieurs siècles et constitue un témoignage précieux de l’histoire et des croyances bretonnes.
Chant à répondre
Présent surtout en Haute-Bretagne (partie gallèse), le chant à répondre alterne entre un soliste qui chante les couplets et un chœur qui reprend le refrain. Ce style de chant accompagne traditionnellement les danses comme la ridée ou l’avant-deux.
Contrairement au kan ha diskan, les voix ne se chevauchent généralement pas dans le chant à répondre.
Sonioù et cantiques
Les sonioù (singulier : son) sont des chansons légères, souvent humoristiques, traitant de la vie quotidienne, de l’amour ou de la nature. Elles contrastent avec la gravité des gwerzioù.
Les cantiques bretons (kantikoù) constituent quant à eux un important corpus de chants religieux en breton, témoignant de la forte imprégnation chrétienne de la culture bretonne.
Artistes emblématiques
La Bretagne a produit de nombreux musiciens et groupes talentueux qui ont contribué à faire rayonner la culture musicale bretonne à travers le monde.
Alan Stivell
Pionnier de la musique celtique moderne, Alan Stivell a réintroduit la harpe celtique en Bretagne et révolutionné la musique bretonne en la mêlant au rock, au folk et à d’autres influences. Son concert à l’Olympia en 1972 marque le début du revival de la musique celtique.
Glenmor et les pionniers
Glenmor (1931-1996), surnommé le “barde militant”, a porté haut la voix de la Bretagne à travers ses chansons engagées. D’autres pionniers ont également contribué à la renaissance de la musique bretonne :
- Les Sœurs Goadec
- Les Frères Morvan
- Bombarde Koz
- Yann-Fañch Kemener
Groupes contemporains
La scène musicale bretonne contemporaine est riche de groupes innovants qui perpétuent la tradition tout en l’enrichissant :
- Tri Yann
- Denez Prigent
- Gilles Servat
- Dan Ar Braz
- Red Cardell
- Matmatah
- Cécile Corbel
- Nolwenn Korbell
Les bagadoù
Les bagadoù (singulier : bagad) sont des ensembles musicaux bretons inspirés des pipe bands écossais. Apparus après la Seconde Guerre mondiale, ils sont aujourd’hui emblématiques de la musique bretonne moderne.
Un bagad est typiquement composé de trois sections :
- Bombardes : section mélodique principale
- Cornemuses (binioù bras) : apportent puissance et résonance
- Percussions : caisses claires écossaises, grosses caisses et parfois autres instruments
Les bagadoù participent au championnat national organisé par Bodadeg ar Sonerion (BAS), avec des épreuves notamment lors du Festival Interceltique de Lorient. Parmi les plus célèbres bagadoù, on compte :
- Bagad de Lann-Bihoué (bagad de la Marine nationale)
- Bagad Kemper (Quimper)
- Kevrenn Alré (Auray)
- Bagad Cap Caval (Pays Bigouden)
- Bagad Roñsed-Mor (Locoal-Mendon)
Le fest-noz : cœur battant de la musique vivante
Le fest-noz (« fête de nuit » en breton) est une fête traditionnelle bretonne centrée sur la danse collective et la musique live. Créé dans sa forme moderne en 1954 par Loeiz Ropars qui s’est inspiré des veillées traditionnelles du Centre-Bretagne, le fest-noz est devenu l’expression vivante et populaire de la culture musicale bretonne.
En 2012, le fest-noz a été inscrit par l’UNESCO sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, reconnaissant ainsi son importance culturelle et sociale.
Lors d’un fest-noz, on peut entendre :
- Des couples de sonneurs (bombarde et biniou kozh)
- Des chanteurs pratiquant le kan ha diskan
- Des groupes de musique bretonne traditionnelle ou contemporaine
- Des musiciens jouant d’instruments variés (accordéon, violon, flûte, etc.)
Le fest-noz est avant tout un événement social où les générations se mêlent pour danser ensemble sur des danses traditionnelles comme l’an-dro, la gavotte, le plinn, le hanter-dro ou la ridée.
Festivals majeurs
La Bretagne est renommée pour ses festivals qui célèbrent la musique traditionnelle et contemporaine. Ces événements attirent des artistes et des passionnés du monde entier.
Festival Interceltique de Lorient
Créé en 1971, le Festival Interceltique de Lorient est le plus grand festival de musiques celtiques au monde. Pendant 10 jours en août, il accueille plus de 700 000 visiteurs et des artistes des différentes nations celtiques.
On y retrouve le championnat national des bagadoù, des concerts, des défilés, des expositions et de nombreuses animations célébrant toutes les facettes de la culture celtique.
Autres festivals importants
- Festival de Cornouaille à Quimper – Célèbre la culture bretonne depuis 1923
- Kan ar Bobl (“Le Chant du Peuple”) – Concours de chant et musique traditionnels
- Festival Yaouank à Rennes – Festival de musique bretonne contemporaine
- Festival des Chants de Marins à Paimpol – Dédié aux chants et à la culture maritime
- Roue Waroch à Plescop – Festival de musique traditionnelle
La musique bretonne aujourd’hui
La musique bretonne du XXIe siècle est caractérisée par son dynamisme et sa capacité à se renouveler. Loin d’être figée dans le folklore, elle représente une scène musicale vivante qui continue d’évoluer tout en restant fidèle à ses racines.
Une fusion créative
Les musiciens bretons contemporains n’hésitent pas à mélanger les genres, créant des ponts entre tradition et modernité. La musique bretonne s’est ainsi ouverte au rock, à l’électro, au jazz, au hip-hop et aux musiques du monde, donnant naissance à des courants comme le rock celtique, l’électro-trad ou le fest-noz nouvelle génération.
Transmission et enseignement
La transmission est assurée par un réseau dense d’écoles de musique traditionnelle, de cours et de stages. Des structures comme Sonerion, Dastum ou Kendalc’h jouent un rôle crucial dans la préservation et la diffusion du patrimoine musical breton.
Rayonnement international
La musique bretonne a gagné une audience internationale, s’exportant bien au-delà des frontières de la Bretagne et de la France. La Bretagne est aujourd’hui reconnue comme l’une des régions les plus dynamiques d’Europe en matière de production musicale.
Une industrie musicale structurée
La Bretagne est la deuxième région de France pour la production de disques, après la région parisienne. Des labels comme Coop Breizh et Keltia Musique se consacrent spécifiquement à la musique bretonne et celtique, tandis que de nombreux studios d’enregistrement et festivals contribuent à la vitalité de cette scène.
Découvrez la musique bretonne
La musique bretonne est une tradition bien vivante, profondément ancrée dans la culture et l’identité de la Bretagne. Elle continue d’évoluer, de se réinventer et de fasciner de nouvelles générations d’auditeurs et de musiciens.